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Dame, dame
Que deviennent les fleurs de tous tes chapeaux,
Quand demeurent les heures loin de ton berceau ?
Dame, dame
Que traînes tu donc dans tous ces tripots,
A l’heure où les contes s’endorment si tôt ?
Dame, dame
Que donnes tu donc à ces loups trop chauds ?
Que te restes-t-il des matins pâlots ?
Dame, dame
Ne recherche pourtant qu’un peu de repos.
Mais l’amour se raconte couchés sur le dos.
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"Cercle de Fées" ou "Rond de Sorcière"!
J'ai suivi le crépuscule de l'onde
J'ai suivi le sentier jusqu'à la clairière vide
J'ai suivi les Fées jusque dans leur ronde
J'ai suivi les Nymphes aux bas de robes humides
J’ai suivi les glissements d’étoffes et les rires
J’ai suivi les bras tendus qui m’attirent
J’ai poussé jusqu’au fond des bois
Dans un sillon de feuilles qui effacent mes pas
J’ai avancé sans penser fatigue ou peur
J’ai fui jour, famille et labeur
J’ai suivi beauté et enchantements soumis
J’ai suivi yeux mutins et gestes alanguis
J’ai suivi capes et voiles transparents
J’ai suivi la complainte du vent
J’ai suivi sa mélodie cristalline
Je suis entré dans la valse des Ondines
Mes traces ne sont plus miennes
Prisonnières du chant des Sirènes
J’ai glissé vers l’antre des chimères
J’ai avancé jusqu’où l’on se perd
J’ai suivi l’empreinte du serpent
Je me suis égaré entre les bouleaux blancs
Je me suis éloigné des méandres du bois d’argent
J’ai erré sous la lune en croissant
Forêt d’ivoire et Bocquillons blafards
Fantômes de silence m’attendent ce soir
J’ai rejoins le centre du cercle des fées
J’ai savouré la rosée sous mes pieds
J’ai vacillé d’épuisement
J’ai flotté doucement
J’ai glissé au centre de l’univers
J’ai trouvé l’or dans la lumière
Il fallait inverser mes chausses sans me faire voir
Seul secret pour conserver la mémoire
J’ai connu la douceur du miel et l’absence du temps
J’ai gouté les fruits de l’oubli sans être prudent
Pour qui ne prend garde au détour
Il n’est pas de possible retour
Je ne suis jamais revenu
En Faërie je me suis perdu ©
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1 AN aujourd'hui... 1 AN qu'elle est partie. Partie au ciel comme elle disait. J'étais triste, il y a deux jours, je le suis un peu moins aujourd'hui. Je plane dans une drôle d'atmosphère comme parallèle à la réalité. Étrange! En tous cas il est une tradition chez les sorcières au bout d'un an d'attribuer à la personne qu'on aime et qui est partie : Une ÉTOILE! J'ai décidé de t'offrir l'ÉPI. L'épi est l'étoile la plus brillante de la constellation de la Vierge, signe dont tu étais. C'est l'épi de blé qu'elle tient dans la main. Cela symbolise bien des choses pour moi et cela te plaira j'en suis sûre. Alors voilà, comme toutes les sorcières à présent je saurai où regarder dans le ciel pour te voir. Bisous Mamy!
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C’en est bien fini du temps des grands épouvantails
Fabriqués au printemps, de guenilles et de paille.
Jeannot ne fait plus peur.
Son histoire se meurt.
Son sourire édenté n’a pourtant pas changé
Mais ses grands yeux, toujours ouverts sur le potager,
N’ont aujourd’hui plus grand-chose à surveiller.
Voilà bien longtemps qu’il ne sait plus effrayer.
Le père André se faisant vieux et courbé,
À petits pas sur sa canne toujours appuyé,
N’est venu que peu de fois cette année.
Quelques laitues et haricots il a plantées,
Voilà tout ce qu’il reste du jardin délaissé.
Hérissons et musaraignes s'en sont allés.
Les corneilles se perchent sur son heaume,
Et le déshabillent brin après brin.
Elles feront leur nid de sa chair de chaume,
De ses brindilles de chagrin.
Lui, dont la présence fut toujours un bienfait,
Aujourd’hui personne ne le remarquerait.
Il n’orne même plus l’entrée de ce verger
Que le pinson et la mésange ont déserté.
Sa belle chemise rouge s’est délayée sous la pluie.
Le vent et la grêle ont brisé sa pipe et troué son panier.
Ses bretelles ont rendu l’âme, toutes décrépies,
Et son pantalon rapiécé, sur ses genoux est tombé.
Les larmes d’un épouvantail, qui s’en soucie ?
Où sont passés ses amis, esprits de la nuit
Qui venaient danser à ses pieds et ravir son cœur ?
Sous la lune des nuits d’été, apaisant la chaleur
Des journées à s’agiter contre les merles chanteurs,
Qui venaient grappiller chairs et douces saveurs
De framboises et cerises vermeilles,
Pour lesquelles jamais il ne sommeille.
Que sont devenues ses légendes des cieux,
Contant que les mannequins de fagots
Furent autrefois mi-hommes, mi-dieux,
Gardiens de trésors, ignorant le repos ?
À présent que les ronces s’emparent de lui,
Et s’apprêtent à le faire disparaître,
Jeannot ne peut que s’enfoncer dans l’oubli,
Dire adieu à son passé champêtre.
La Saint-Jean n’a pas voulu de lui.
Il y aurait brûlé sous les chants et les cris,
Effrayant encore les plus petits,
Détachant son souvenir, jusque dans leurs lits.
Demeurant l’ami de paille éternel,
Il aurait annoncé les récoltes des semences.
Il se serait fait prometteur d’abondance.
Dans les flammes de ce dernier rituel,
Il aurait disparu quand finissent les danses.
Dans un souffle il aurait atteint le ciel.
Mais il n’en est rien, il n’aura pas cette chance.
Son galurin tressé, a cuit au soleil de juillet.
Prêt à se briser comme du verre, qu’a-t-il donc fait
Pour disparaître dans une telle indifférence ?
Jeannot aurait bel et bien été oublié,
Si de petites mains habiles et gantées
Ne l’avaient libéré de la vigne et du liseron,
Et sur un pied de noisetier remis d’aplomb.
Un nouveau chapeau, un nouveau pantalon
Et un peu plus de foin dans les articulations.
La petite Aurore pour le jardin s’est prise de passion.
C’est le retour des choux, tomates et potirons.
Avec les courgettes, la ciboulette et le cresson,
C’est une nouvelle vie plus qu’une autre saison.
Le sourire de Jeannot s’étire à chaque floraison.
Sous la glycine, il écoute les vieux dictons
Que le père André distribue comme des bonbons.
La fillette les fredonne tandis que les oiseaux piaillent.
Jeannot reste attentif à ce qu’ils passent et s’en aillent.
Sur ses épaules de jute, trône un nouveau chandail,
Fier de reprendre son rôle, il gonfle le poitrail.
Le grand-père fume sa pipe, assis près de l’épouvantail,
Dans le jardin, les portes du bonheur s’entrebâillent. ©
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