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L'arbre de Noël
Le nouvel an est passé
Les dernières épines sont tombées
Le petit sapin déshabillé
De ses lumières s’est vu dépouillé
Fini Noël et ses guirlandes
Terminé le temps des offrandes
Que l’on posait à son pied
Entre les chaussons et la cheminée
Tout le salon, il avait embaumé
Les jolies boules de verre
Aux reflets de miroir éphémères
En leurs papiers s’en sont retournées
Au fond des cartons
Dormir au grenier
Pour quatre nouvelles saisons
Qui l’aurait cru ?
Lorsqu’on est venu le chercher
Pour lui couper le tronc
L’emballer et le transporter
Loin de ses jolis vallons
Où il a pris le temps de grandir
Ignorant à quoi il allait servir
Parti en voyage dans un camion
Avec plusieurs de ses compagnons
Dispersés à l’aube aux quatre coins
D’une grande ville, aux portes des magasins
Les gens pressés
Les bras chargés
Passaient sans s’arrêter
Un enfant s’est approché
Puis il s’est éloigné
Un monsieur le saisi et le redresse
L’examine sans délicatesse
Pour le choisir, en fait le tour
Et l’imagine dans ses plus beaux atours
Le voilà entré dans une petite maison
Aux senteurs de cannelle et de marrons
On le détache, il se détend
Alors qu’autour de lui les enfants
Dansent et sautent en chantant
Bientôt il ploie sous cheveux d’anges
Et lumières qui étincellent
Tout doucement il se change
Et il devient l’arbre de Noël
Symbole de vie immortelle
Au cœur de l’hiver
Seul reste vert
Le sapin en sa terre
Sacré et fière
Début janvier
Il ne fait pas bon être un sapin coupé
Le symbole d’éternité
Sur le bitume se voit piétiné
Il rejoint les autres abandonnés
Qui ont égayé les foyers
Cimetière de silence
Où les épines meurent d’impatience
Hier encore la sève parcourait ses branches
Et ce matin, c’est sur le trottoir qu’il flanche
Attendant la benne dans le froid
Même le vent n’est pas celui d’autrefois
Il n’est plus que squelette de bois
Fantôme d’arbre de joie
Dans le brouillard de tristesse
Adieu chaleur, allégresse
Du matin de cris et de liesse
Des cadeaux ouverts dans l’ivresse
Des sourires et remerciements
Sous son ombrage bienveillant
La lumière ne viendra point
Le jour ne percera pas
La montagne est si loin
Et le ciel si bas
Un dernier espoir se fait sentir
Une étrange douceur s’installe
Les sons s’atténuent pour mourir
Et tombent les flocons de cristal...
"Douce amie de blancheur
Vient me trouver quand je meurs
Avec toi enfin je disparaitrai
Couvert de ton manteau épais
Loin de leur indifférence
J’oublierai leur inconstance
Car ils ne savent plus écouter
La complainte de l’arbre sacré". ©
Tags : loin, s’est, lumiere, noel, sapin
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